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← articles plus anciens 10 février parler de musique n’est pas facile. parce que c’est subjectif et obsessionnel il y a six ans, ce blog a été lancé avec une ambition assez simple : confronter un lectorat d’un site de presse généraliste à de la musique qu’il n’aurait probablement jamais écouté. profiter de l’espace numérique infini qu’est le web pour parler de styles, d’époques et de scènes hors des circuits habituels de la promo, en parler sans arrière-pensée, les expliquer et les faire découvrir. internet est une sorte de cour de récréation géante, des couloirs de facs interminables où tout le monde parle et s’échange des sons constamment. on peut facilement y perdre pied, se noyer dans la masse sonore et se décourager. se rabattre sur ce qu’on connaît, écouter la même playlist toute sa vie. c’est trop triste. ca nous faisait marrer de vous jeter à la figure du grindcore , du zouk nigérian , du rock de montpellier , de la pop sibérienne , de l’électro de bristol , de la cumbia de buenos aires , du rap de chicago , du punk de washington ou le groupe qui joue en bas de ta rue ou le cuistot qui fait des pistes le week-end sur son tumblr et qui finit sur la bo de gta. en sachant pertinemment que tout le monde n’aimera pas tout. l’idée n’était pas de transmettre l’envie d’écouter un truc mais l’état d’esprit nécessaire pour être ouvert à en écouter plusieurs, même ceux que tu ne pensais jamais apprécier. parler de musique n’est pas facile. parce que c’est subjectif et obsessionnel. on n’a jamais cherché à mettre un groupe au-dessus d’un autre, à dire d’un genre qu’il était « meilleur » qu’un autre, à critiquer juste pour critiquer ( sauf une fois, mais c’était une blague ). j’ai été intoxiqué à la démarche qui consiste à fouiller éternellement les bacs (disquaire, numérique, c’est pareil), tomber par hasard sur une chanson ou un disque ou une vidéo qui te mettent à genoux tellement ils étaient puissants et inattendus. sauter le pas à cause de la pochette ou du nom du groupe, parce qu’on sait jamais. c’est cette démarche qu’on a essayé de suivre pendant six ans. elle est belle et vaine et un peu autodestructrice, parce qu’elle est éternelle. j’ai toujours gardé en tête cette phrase, d’un mec qui reconnaissait que seule « une cigarette sur mille [lui] donnait du plaisir » . « pourtant, je continue à fumer. je crois que le plaisir est plus dans l’instant que dans la chose. je continue à fumer pour retrouver cet instant. je finirai sans doute par mourir en essayant toujours ». les chansons avec lesquelles tu as grandi, celles qui ont forgé ton éducation musicale, resteront toujours les plus belles de ta vie. rien à y faire. mais il n’y aucune raison de se contenter de cette nostalgie. ce blog était anti-nostalgique parce qu’il n’y a rien de plus chiant et de plus creux que d’entendre « c’était mieux avant ». la posture de la pureté est tentante mais au final impossible à tenir, même un peu solitaire. pas pour autant que tout se vaut, mais on peut en parler non ? on a essayé de le faire pendant six ans. et le dialogue, via les 8 087 commentaires, les mails, les messages facebook, les lettres (!!), les cd/k7/vinyles envoyés (je n’ai jamais pu tout écouter, merci x100 à tous ceux qui ont pris le temps de le faire), m’a aussi appris à moins regarder mes pieds, musicalement, à moins tourner le dos par réflexe. j’écrivais parfois dans le vide, mais en écoutant ce que vous écoutiez. là, j’arrête parce que j’ai plus grand chose à écrire, et encore moins le temps de le faire. mais je suis fier d’avoir poussé la démarche jusqu’au bout. tout ce que je peux te/vous (on a jamais su comment se parler) dire c’est : continue à écouter de la putain de musique. ecoute du rap , de l’âge d’or , de maintenant ou du futur , écoute toutes les bizarreries électroniques sur lesquelles tu peux tomber, écoute burial , écoute de la folk , écoute du punk , écoute de la soul , écoute du funk , rend toi sourd en écoutant du métal ou endors toi avec des incantations , écoute ce qu’ils font à sumatra , au nigeria , en colombie , en syrie , en lituanie , ou même à metz , à nantes ou à toulouse , écoute robyn , écoute justin , écoute céline , écoute darkthrone . va en concert et achète des t-shirts, achète des disques, pirate des mp3 en 128kps, écoute des vidéos pourries sur youtube ou abonne toi à spotify, va sur les blogs, va sur les sites, va sur les tumblr. joue. continue à écouter (pas à entendre, à écouter ), continue à fouiller, accepte d’être déçu, parfois tu ne le seras plus. et là, tu t’en souviendras longtemps. je vous laisse avec cette belle citation … « le seul truc à entraver ma liberté, c’est la musique (…) il paraît qu’il y a une nouvelle super drogue dans la zone. tu en as entendu parler ? franchement, l’info ne m’a fait ni chaud ni froid. l’hypnose ultime, c’est la musique. la musique me décale totalement. elle m’éloigne de toute référence à qui je suis ou ce que je fais. totalement décalé. la musique est dangereuse à tellement de niveaux. c’est la chose la plus dangereuse au monde ». … et comme presque tous les sons sur ce blog ont disparu en six ans, une petite playlist de 13 heures, pour la route. ++ publié dans non classé | 85 commentaires 8 février , par luc vino hip hop and dreaming #10 – 13 (ultimes) raisons d’écouter du rap américain je vous laisse avec le deuxième et dernier mix de 2014, un peu plus musclé que le premier , avec le menton un peu plus relevé. suffit d’écouter le freestyle incendiaire de waka flocka (c’est qui déjà kendrick lamar ?), le flow de lil boosie qui rappelle que la louisiane existe encore dans le paysage ( à découvrir dans la très bonne émission deeper than rap ) ou le jeune vince staples. il y a aussi une sample dément des bee gees caché quelque part. ca va être la dernière compilation pendant un (long?) moment, je profite pour vous féliciter des discussions dans les commentaires la dernière fois. depuis le début, mais particulièrement la dernière fois. j’ai tellement aimé que je vous en ait fait un best-of, en guise d’épitaphe, on en reparle bientôt. le mélomane assassin. « au moins une raison claude, ce n’est pas franchement de la musique, c’est même plutôt de l’anti musique, qui reflète une incapacité à admettre et exprimer ses émotions quand la musique se veut un vecteur primordial de la sensibilité ». celui qui demande à voir. « votre méconnaissance du hip hop est flagrante… le bon flow, pour vous, est caractérisé par la rapidité d’élocution ? c’est une blague ? allez y mon titi alors, c’est facile un ptit rap ». celui qui prend (un peu trop ?) de recul « dans 100 ans vos propos feront rire comme ceux qui affirmaient que le train à 30 km/heure était un danger pour l’homme et risquait de lui rompre le coeur ». le mélomane philosophe « j’ai cité la noise et le drone (que je connais mieux que le hip hop) parce qu’on va vers une abstraction, qui est souvent un chemin qu’emprunte l’art, quel qu’il soit. on va vers quelque chose qui relève de la déconstruction, et il faut comprendre par telle tâche (ou tel son, ou telle phrase, parce que ça touche aussi la littérature) l’expression de quelque chose, d’un sentiment éventuellement, mais d’une autre façon. » celui qui n’aime pas le rap mais fait une punchline quand même. « le blog s’appelle « ». on peut espérer que les sons « rapeux » présentés (on n’ose en effet pas parler de musique compte-tenu du vide mélodique et harmonique qui s’en dégage) se perdront rapidement… » le mélomane nostalgique « quand j’étais adolescent, c’était d’écouter thiefaine qui agaçait les parents. ça a toujours été comme çà. la musique des adolescents d’une génération déplaît souvent à la précédente. c’est normal, elle est en rupture. elle est presque faite pour ça ». celui qui sort l’argument imparable. « si tu kiffes pas t’écoute pas et puis c’est tout… » celui qui lui répond quand même. voila un argument simple et direct. en fait il n’y a rien à dire de plus sur cette musique. c’est tout ce que je demande à mon fi